Une histoire à raconter

par Gilles A. Davidson
Une histoire à raconter
Membres du comité : de gauche à droite, Adéle Théorêt-Constantineau, Luce Rouleau-Lalonde, Lise Poirier-Proulx, Claire Ranger-Gosselin, Ginette Thibodeau-Charbonneau, Gilles Davidson. Absent : Marc Bissonnette, Madeleine Fournier-Lepage, Marcel Quesnel.

Partie 1. septembre 1954

J’ai toujours cru que je suis le résultat de mes choix, de mes expériences de mon vécu, de mon environnement, et plusieurs autres facteurs que je laisse de côté pour le moment. Je me suis arrêté une soirée à méditer cette notion.

Ce que je désire depuis le début de mon existence et dont j’ai obtenu jusqu’à un certain point, c’est le bonheur.

« Quand j’étais petit, ma mère m’a dit que le bonheur était la clé de la vie. A l’école, quand on m’a demandé d’écrire ce que je voulais être plus tard, j’ai répondu « heureux ». Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question, je leur ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie. » John Lennon

Le bonheur, dit Félicien Marceau, « c’est savoir ce que l’on veut et le vouloir passionnément. »

La vie c’est choisir. Tous les choix que j’ai faits à partir de décisions auxquelles j’ai donné préférence à une chose au lieu d’une autre, me placent aujourd’hui devant le clavier de mon ordinateur à Cornwall en Ontario, Canada.

Si je vais à une partie de hockey, j’exclus une infinité d’autres choses que j’aurais pu faire. Si je regarde un long métrage à la télévision, je sacrifie le sommeil au spectacle.

À l’époque de mon enfance, lorsque j’apportais mes cinq bouteilles de boissons gazeuses vides chez Boulanger, le dépanneur, qui était en face de chez nous sur la rue Danis, j’étais heureux de recevoir 10 cents. Pendant une quinzaine de minutes, je faisais damner M. Boulanger devant le comptoir de bonbons. Je réalise aujourd’hui, une soixantaine d’années plus tard, qu’en achetant une poignée de bonbons que j’enfouissais dans ma poche pleine de sable, je renonçais à tout ce que j’aurais pu acheter avec cette somme. Donc, le choix fait appel à mon sens des valeurs qui vient de mon bagage de connaissances, de mon éducation et de la grandeur de la tâche que je désire accomplir. Pour moi, les bonbons étaient très importants!

Pour être heureux, je dois avoir cinq éléments : la santé, le travail, des centres d’intérêt, des amis et la poursuite d’un idéal. Avec ces cinq composantes, je me réalise comme personne entière. Le bonheur n’est pas une récompense, mais plutôt une conséquence naturelle d’une bonne vie.

Je considère mon enfance dans le quartier est de Cornwall une enfance heureuse. Mes apprentissages provenaient de six centres d’intérêt : la famille, le voisinage, l’école primaire Sainte-Croix, la paroisse Sainte-Croix, le parc Saint-Joseph et le champ de la soie. Ce dernier était le dépotoir industriel de Courtaulds que l’on appelait la « dump » prononcée « dompe » qui était à 300 m de ma cour arrière.

Dans le texte qui suit, j’effleure les grandes lignes de mon séjour à l’école primaire Sainte-Croix.

Le qualificatif « primaire » est devenu « élémentaire » il y a déjà plusieurs années. De plus, l’édifice dont les classes et les couloirs débordaient d’activités n’est plus. Pourtant, les couloirs de ma mémoire débordent de souvenirs, bons comme moins bons, du temps passé dans cette institution. Tous les apprentissages pédagogiques de cette époque, du jardin d’enfants à la huitième année, font depuis longtemps partie d’un méli-mélo de savoir, d’instruction et de formation, acquis depuis très longtemps. Les textes « Viens voir – Viens te promener – Viens travailler viens jouer » avec Paul, Jeanne, Bébé Lise, Pompon et Fido, « Chez nous » où j’ai appris à connaître Pierre, Anne, Maman, Papa et les amis, « Habitations et Nations » texte illustré d’images de couleurs rudimentaires – vert, bleu rouge et jaune – et j’en laisse, ne sont que des projections lointaines.

Par contre, les expériences vécues, les valeurs inculquées, et les qualités de caractère que j’ai développées vibrent toujours aussi fort chez moi. Ce sont ces expériences de vie qui sont, à mon avis très importantes. Ce sont ces moments vécus qui forment mon tempérament et mes mœurs. Ce sont ces expériences de vie qui permettent à une jeune fille ou à un jeune garçon d’atteindre, à sa façon, son plein potentiel et par conséquent parvenir à son bonheur.

L’école Sainte-Croix, après ma famille, fut le premier pas vers mon avenir.

Cette école toute neuve ouvre ses portes en septembre 1949 pour accueillir les enfants d’une population grandissante dans ce quartier dans l’est de Cornwall. Son inauguration eut lieu en 1950.

Mes premiers jours à Sainte-Croix – septembre 1954 – furent intéressants pour ne pas trop exagérer. Pour m’y rendre, je devais marcher plus d’un kilomètre, pas d’autobus pour Ti-Gilles. Maman savait bien que j’étais un jeune débrouillard et aventureux et que possiblement, je me retrouverais à un autre endroit qu’à l’école. Pour atténuer ses inquiétudes, elle demanda à Suzanne Boulanger, voisine d’en face qui était en cinquième ou sixième année, de m’amener à l’école par la main. Autour du cou, je portais un sac en matériel bleu que maman m’avait confectionné. À l’intérieur se retrouvaient une petite couverture pour la sieste, des chaussettes pour ne pas salir le plancher fraichement ciré et une blouse de travail pour les projets d’art.

Ce qui m’a impressionné le plus en entrant dans ma première salle de classe fut son immensité et sa propreté. Au centre de la classe, sur le plancher de tuiles lisses et bien polies, se trouvait un cercle à l’intérieur duquel se trouvaient des chiffres intercalés. Chaque élève avait son numéro et sa place sur le plancher.

Ma première pensée, « Ça va être le fun! »

À ma grande surprise, « Non, pas du tout. »

Ma première tâche; « Maîtriser ma vessie. »

Le matin de cette journée infâme, j’ai éprouvé une envie intense de faire pipi que je n’ai jamais ressentie auparavant. Sans doute que le verre de jus et les deux tasses de coco (cacao) chaud du petit déjeuner avaient une certaine responsabilité pour cette affreuse situation. Dans l’impossibilité de me retenir plus longtemps, j’ai osé lever la main.

Sœur « M » m’a regardé avec un regard sérieux et dédaigneux, examine son registre et dit

« Oui Gilles? » Je lui ai demandé, « ma sœur, puis-je aller à la toilette? » À ma très grande surprise, elle a répondu, « Non. Attends la récréation! ». Ce qui n’aurait jamais dû arriver est arrivé. Humilié, J’ai fait pipi dans ma culotte. En voyant le dégât, sœur « M » m’a conduit à la porte de l’entrée principale de l’école en me disant de retourner à la maison pour me changer de linge. Débrouillard, avec une mémoire d’éléphant, je me suis dirigé chez moi en passant par quatre chemins pour tenter de faire sécher ma culotte. Déjà, à ce bas âge, je me sentais inconfortable et embarrassé.

Toutefois, je n’ai pas perdu mon objectif.

Après cette longue marche de la rue Anthony à la rue Danis en passant par la Walton, la Lefebvre et la Easton je suis arrivé à la maison. Je me suis assis sur le seuil de la porte d’en avant qui, malheureusement, était sous clé. J’y suis resté pour un bon bout de temps avant que maman, en faisant son ménage, me trouva assis, bien à l’aise, au soleil.

J’ai passé le reste de ma journée à la maison, qui à mes yeux d’enfants, était un dédommagement, une sorte de récompense. Ce fut pour moi une première et une dernière, heureusement!

Malgré tout, sœur « M » m’a donné ma première leçon en matière de courage, de fierté, d’endurance, de détermination, et l’importance d’accomplir la tâche requise. De plus, je me suis aventuré dans des voisinages nouveaux! À partir de mon verre de jus, mes deux tasses de coco (cacao), mon pipi et la réponse sévère de mon enseignante, mon univers venait de s’agrandir.

Quel bonheur!

Tout n’était pas perdu.

À suivre

Avis aux anciennes/anciens élèves de l’école primaire Ste-Croix, rue Anthony à Cornwall : des retrouvailles sont en train de s’organiser pour le 31 août 2019.

De plus amples renseignements au sujet de l’inscription et du lieu vous seront données dans les semaines à venir.

Veuillez inscrire cette date à votre calendrier et propager la nouvelle.

Pour plus d’information veuillez communiquer avec Claire Ranger-Gosselin à stecroixprimaire@gmail.com OU sur Facebook à ‘’Retrouvailles 2019 école primaire Sainte Croix, Cornwall ON’’

Notice to former students of ‘’École primaire Ste-Croix’’, Anthony St. in Cornwall: a homecoming is being organized for August 31st 2019.

More information concerning the registration and venue will be provided in the next few weeks.

Please note the date on your calendar and help spread the news.

For more information, contact Claire Ranger-Gosselin at stecroixprimaire@gmail.com OR on Facebook at ‘’Retrouvailles 2019 école primaire Sainte-Croix, Cornwall ON’’

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